Entre 1850 et 1965, Chambly est divisée en deux petites municipalités : Chambly-Canton et Chambly-Bassin. À cette époque, après l’église, la boulangerie est le cœur du village. Tôt le matin, une voiture tirée par un cheval part livrer le pain tandis que le voisinage s’approvisionne directement à la boutique. Les samedis, en fin de journée, les ménagères apportent leur plat de « bines » à déposer dans le four encore chaud. Les fèves au lard cuites à point seront récupérées le lendemain, au retour de la messe.
La Boulangerie Durand, d’heureuses mémoires
Le 19 septembre 1950, Joseph Durand et Auréa Demers, de Montréal, souhaitent assurer l’avenir de leurs onze enfants en achetant la Boulangerie Chabot. Louis, leur fils aîné, a appris le métier de boulanger. Il est déjà marié et achète conjointement avec son père.
La transaction de 17 500 $ mentionne : maison, circonstance et dépendances, comprenant la boulangerie. Joint à la vente la clientèle et l’achalandage du commerce, un camion Chevrolet d’une demie tonne, et tous les accessoires du dit commerce, les voitures de livraison d’été et d’hiver, ainsi qu’un cheval, un attelage double et deux attelages simples.
Tandis que la famille de Joseph et Auréa s’installe dans la maison, Louis et sa femme Solange occupent un logement au-dessus de l’épicerie Bisaillon, située juste en face de la boulangerie. Joseph décède en 1954 : Louis devient le seul propriétaire. Pendant les 25 années qui suivront, avec l’aide de ses frères et sœurs, Louis Durand fera de la boulangerie une entreprise familiale prospère où chaque membre de la famille pourra « mettre la main à la pâte ». La boulangerie artisanale deviendra une véritable petite manufacture à pain.
Une fournée comprend jusqu’à 320 pains, à raison de 3 fournées par jour, et parfois 4, les samedis. La production hebdomadaire de pains nécessite 100 poches de farine de marque Ogilvie. La boulangerie produit diverses sortes de pains : pain à l’eau, pain au lait, pain aux raisins. Le pain croûté devient le produit vedette de la Boulangerie Durand !
Normand Durand, l’un des aînés, qui toute sa vie sera « distributeur de pains », raconte :
« On allait jusqu’à la rue Larivière. Après, il n’y avait plus rien. Mon cheval s’appelait Le Blond. Il connaissait la route par cœur, il savait devant quelle porte s’arrêter. Je le perdais, parfois, mais je savais où le retrouver : chez les clientes qui lui donnaient du sucre! »
Bientôt, il est remplacé par une camionnette et la Boulangerie Durand agrandit son territoire pour desservir Richelieu, Saint-Mathias, Marieville, Saint-Basile-le-Grand, Saint-Bruno-de-Montarville.